Que faire face au blocage artistique ?

Je suis souvent sujette au "blocage artistique", ces moment où on n'arrive pas à dessiner, ou bien où l'on n'est jamais satisfait de ce qu'on fait. Avec le temps, je connais mieux mon ennemi, et je sais qu'il peut avoir différentes causes... J'ai fini par trouver des "parades" quand j'étais confrontée à ces situations, ne serait-ce que pour mieux les vivre... Je me suis dit que ça pourrait être utile à certains alors je partage !

• La panne d'inspiration : « Je ne sais pas quoi dessiner! »

- L'accepter : l'inspi a besoin d'être nourrie, c'est normal. Donc ne pas hésiter à faire une pause le temps que ça revienne

- Se ressourcer : se plonger dans bd / séries / films / animes / romans / théâtre / jeux vidéo / jeux de rôle / renouveler sa playlist musicale, visiter des expos, etc

- Se documenter : regarder reportages, documentaires, lire documents et articles sur sujets divers qui vous intéressent, visiter des musées / sites historiques etc

- Changer d'air : voyager (pas forcément besoin d'aller loin ; ça peut être rendre visite à des amis / de la famille dans une autre ville, aller se promener dans un parc ou un quartier que l'on connaît peu...), revoir ses photos/croquis/notes de voyages précédents, aller à des concerts et/ou des festivals (musicaux ou autres!), discuter avec ses proches ou avec qui que ce soit d'ailleurs, observer les gens dans la rue / les paysages etc. Pourquoi pas faire des sorties croquis sur le vif et/ou photo

- Discuter avec amis (artistes ou non) de vos univers et projets en cours, et des leurs

- C'est le moment de faire tout ce qui est « memes », générateurs de thèmes. Travailler sur des séries du genre « les couleurs », « les émotions », « les signes du zodiaque », « les 5 continents », « les différentes époques »...

- S'inspirer de ce que font d'autres artistes, tester de nouvelles techniques, fouiller dans ses photos refs ou les photo refs sur le net

- Prendre des notes quand on a des idées ou quand dans nos recherches on tombe sur quelque chose d'intéressant. Se créer des dossiers d'inspi par thème sur son ordi (et/ou dans un classeur). A l'inverse, noter des idées quand on en a trop pour tout réaliser et les ressortir en cas de panne d'inspiration

- S'appuyer sur les techniques créatives : utile surtout pour les scénars. Pas d'idées, mais il vous faut sortir quelque chose assez rapidement quand même ? Faites un brainstorming, une carte mentale à partir d'un thème, un QQOQCP, et construisez à partir de là ! Voici deux tutoriels utiles : élaborer une histoire, et les outils du (bon) scénariste.

- Travailler sa technique à défaut d'inspiration, ça permet d'évacuer un peu la frustration si on se sent improductif : séances de dessin d'après modèle, speedpaintings à partir de photos, entraînement sur pixelovely ou posemaniacs...

- Faire autre chose que dessiner, en particulier d'autres activités artistiques, selon ce que vous aimez : musique, couture, photo, création de bijoux, cuisine, écriture, bjd / customisations diverses, etc etc. ça permet non seulement de se changer les idées tout en se sentant productif, mais aussi d'enrichir ses connaissances. Par exemple, j'ai beaucoup plus d'idées pour habiller mes persos depuis que je fais des costumes ! Et en m'intéressant à la photo j'ai commencé à progresser sur la composition de mes dessins...

• Le blocage technique : « Tout ce que je fais en ce moment est nul ! »

- L'oeil progresse plus vite que la main. Vous êtes peut être tout simplement en phase de progrès : votre œil perçoit les défauts, mais vous n'avez pas encore le niveau technique de les corriger. La bonne nouvelle c'est que vous allez sûrement bientôt améliorer votre niveau technique !

- Ne pas se décourager et continuer à dessiner, ça va venir !

- Identifier le problème quand c'est possible : qu'est ce qui cloche dans vos dessins, qu'est ce qui vous semble bancal / manquant ? Parfois, en discuter avec un autre artiste peut aider à cerner le problème. Demander des critiques sur ses dessins, en essayant d'expliquer ce qui vous gêne, peut aider aussi (avec un peu de chance quelqu'un mettra le doigt sur ce qui vous bloque). Une fois le problème identifié, d'une part on se sent un peu rassuré (« mes dessins me paraissent tout plats, ok, mais c'est pas que je fais des trucs ennuyeux, c'est simplement qu'il faut que je varie mes compositions »). Et d'autre part on peut bosser le sujet, lire des tutos /emprunter des livres sur le sujet à la médiathèque, s'exercer... Et on a l'impression d'avancer, tout de suite !

- Accepter de faire des erreurs et que ça ne soit pas parfait du premier coup. Si vous testez quelque chose de nouveau ou essayez de vous améliorer sur un problème identifié, n'oubliez pas que c'est un processus d'apprentissage !

- s'échauffer, s'exercer : travaillez le problème si vous l'avez identifié, mais aussi faites des petits croquis d'observation, d'après photo, en s'entrainant sur http://posemaniacs.com/ ou sur http://artists.pixelovely.com/ .... sans se prendre la tete ! ça permet de s'échauffer aussi et le reste vient parfois plus facilement après...

  - Ne pas hésiter à s'aider de références !!! Si vous bloquez sur un dessin, cherchez des photos de ce que vous voulez vous dessiner, prenez-vous en photo (ou un/des amis) dans la pose et sous l'angle de vue qui vous convient, cherchez des photos ref dans les images de stocks (voir quelques adresses pour en trouver ici), allez prendre des photos de décors ou modelisez le avec google sketchup par exemple...

• La saturation : « J'en ai bavé à boucler ce projet, maintenant j'arrive plus à rien ! »

Le blocage après une phase où on a beaucoup dessiné, souvent sous pression, typiquement après un bouclage.

- Accepter de faire une pause et de se reposer.

- Ne pas s'empêcher de dessiner si on a envie non plus, évidemment. Mais ne pas se prendre la tête. Des petits croquis ou dessins pour le fun, c'est bien, mais éviter de se lancer tout de suite dans quelque chose de long ou compliqué.

• Le découragement et la dévalorisation par rapport aux autres : « Tout le monde est meilleur que moi, je n'ai aucun talent ! »

Quel que soit votre niveau,il y aura toujours des gens meilleurs... et des gens moins bons...

- Essayer d'arrêter de regarder ce que font les autres. Par exemple, se couper quelques temps d'internet si c'est là qu'on se confronte aux autres.

- Comparer ce qui est comparable. Par exemple ne pas comparer sa productivité avec un étudiant en art ou un artiste à plein temps quand soit même on a un autre métier à plein temps, d'autres activités sur son temps libre, etc. Accepter de ne pas atteindre tout de suite le niveau de quelqu'un qui a beaucoup plus de bouteille.

- Voir aussi les défauts de ses « idoles » : X a peut-être un super style mais ses dessins manquent d'expression, Y a peut être une excellente maîtrise de l'anatomie mais gère beaucoup moins bien les décors, etc.

- Voir qu'il y a plus mauvais que soit : perso ça ne m'aide pas trop, mais c'est le cas où il peut faire du bien de regarder d'autres artistes que l'on trouve bien mauvais pour se réconforter l'égo.

- Admettre que l'on a progressé : ressortir ses vieux dessins, ses vieux carnets à croquis. Ne pas se contenter de revoir ceux qu'on aime toujours et qu'on a toujours sous le nez. Allez dénicher les vieux trucs oubliés et vous verrez que vous avez quand même fait du chemin !

- Accepter les complimentset les encouragements de son entourage (et ça n'est pas toujours simple !;) ). Relire les commentaires positifs qu'on a pu recevoir et admettre que finalement, on n'est pas si mauvais.

- S'entourer d'un petit groupe d'artistes avec qui on se motive et s'encourage mutuellement peut être d'une grande aide, qu'il s'agisse d'amis irl ou d'une communauté internet.

- Essayer d'éviter de se répéter comme un refrain qu'on est nul, c'est décourageant et vous fera vous sentir encore plus nul.

• Le découragement suite à des critiques négatives... ou à l'absence de retour : « Mes dessins sont pourris, d'ailleurs X me l'a bien fait comprendre », « Tout le monde s'en fout de ma dernière bd »

Comme cela conduit à la mésestime de soit, quasi tous les conseils du paragraphe précédent (découragement et dévalorisation) peuvent être valables.

- On a le droit d'être blessé, quoiqu'en disent certains (ils ont certainement été blessés à l'occasion aussi). A chacun de panser ses blessures à sa façon, ça peut être en parler avec des amis, se changer les idées en faisant quelque chose qu'on aime... On peut avoir des vieux démons qui compliquent la chose, et il n'y a pas à en avoir honte. Si la critique vous fait si mal c'est peut être qu'elle vous renvoie à des situations plus anciennes qui ont laissé leurs marques : attitudes méprisantes de votre entourage face à vos activités artistiques lorsque vous étiez jeune, manque de pédagogie de certains professeurs, échecs douloureux, opposition de l'entourage au choix d'une profession artistique... nombreux sont ceux qui traînent des casseroles. Parfois même sans en avoir conscience... Il peut parfois aider d'en parler, mais avec les bonnes personnes. Allez vers ceux qui sont capables de comprendre, pas ceux qui risquent d'avoir des attitudes négatives.

- Relire d'autant plus les retours positifs (parce qu'on se souvient surtout de LA critique négative alors qu'il y a eu peut-être plein d'encouragements à côté)

- Repérer les trolls : une critique n'est utile que si elle vous donne des pistes pour progresser. Les « c'est pourri ton truc » ne servent à rien, laissez les tomber. Quelqu'un qui ressent ainsi le besoin de casser gratuitement un artiste a probablement un problème, ce n'est pas à vous de vous remettre en question ici.

- Voir les critiques constructives comme un moyen de s'améliorer : une personne qui prend le temps d'analyser votre dessin estime qu'il vaut le coup de vous donner les outils pour progresser!

- Se donner des objectifs atteignables : obtenir x favs sur dA ne dépend pas de vous ; finir une bd de tant de pages pour telle date, si !

- Prendre conscience que la popularité dépend de tout un tas de trucs qui n'ont pas forcément à voir avec le talent. Effets de mode concernant sujets (cf succès des fanarts de la série / manga /jeu à la mode en ce moment) et styles, identification rassurante des lecteurs à l'auteur pour une raison x ou y (cf certains blogs bd de piètre qualité), etc

- Ne pas avoir honte d'améliorer sa visibilité pour avoir plus de retours : si vous ne parlez nulle part de votre nouveau webcomic, ne vous étonnez pas que personne ne le lise... Il est tout à fait naturel de faire un peu de « pub » sur vos différentes pages, et sur les communautés que vous fréquentez.

• Etre « parasité » par d'autres problèmes : « Je n'arrive tout simplement pas à me poser pour dessiner »

Il peut y avoir d'autres priorités dans la vie : ne pas négliger ces problèmes.

- Régler ce qui peut être réglé quitte à mettre de côté le dessin pendant quelques temps.

- Le dessin peut servir de soupape, un moyen d'extérioriser les sentiments, ou au contraire de se changer les idées. Cela dépend des gens évidemment. Si c'est votre cas, ne vous privez pas. Par contre soyez indulgent avec vous-même, et ce n'est sans doute pas le moment de chercher les critiques. Le but est d'évacuer les sentiments négatifs, pas de se mettre une pression supplémentaire alors qu'on a déjà assez à gérer par ailleurs, C'était mon cas avec le Centre : c'était un pur défouloir, pendant une période difficile c'est pourquoi je le montrais assez peu (au départ pas du tout) et ne souhaitais pas de critique.

• L'angoisse face au succès : « Je n'arriverai jamais à refaire aussi bien, je vais décevoir les gens ! »

Vous venez d'accomplir un projet particulièrement difficile dont vous êtes très fier, et maintenant vous bloquez à l'idée que votre prochain dessin/projet ne soit pas au même niveau. Ou bien vous avez récemment reçu des retours positifs, un succès inattendu (le coup classique : la daily dev sur dA) et élargi votre public, et vous craignez de les décevoir...

Il m'est plus difficile d'en parler car ça ne m'est jamais vraiment arrivé. A part une seule fois il y a longtemps où, paniquée par les retours positifs sur un projet en cours, j'ai laissé tomber le dit projet de peur de décevoir ceux qui assuraient avoir hâte d'en voir la suite... pas vraiment un bon exemple pour vaincre le blocage ! ^^ ;

Ce que je pourrais conseiller, par bon sens et discussion avec des personnes concernées :

- Admettre qu'on ne peut pas toujours être au top

- Et que les gens n'attendent pas forcément que vous soyez toujours à votre maximum non plus !

- Continuer de dessiner par ailleurs, même si on n'ose pas poster

- Dans le pire des cas, changer de compte / de plateforme (j'en ai vu plus d'un changer de compte dA après une dd...)

- Avoir un endroit où on s'autorise à poster TOUT. Par exemple sur mon artblog sur tumblr je poste ce que je veux sans me censurer, aussi bien les beaux dessins finis que les croquis et autres wips. Si les gens ne veulent que les beaux dessins, ils n'ont qu'à me suivre sur dA.

• Le blocage scénaristique : « Je suis bloqué(e) dans mon histoire !!! »

On sort un peu du dessin mais ça peut concerner ceux qui font de longues bd, notamment le genre « à suivre » où on ne planifie peut être pas tout à l'avance. Ou dans le cas où les lecteurs ont une influence sur l'histoire. C'est souvent plus un problème sur les projets à long terme, avec des scénarios plus ou moins tentaculaires (je le connais principalement par le biais du jeu de rôle, où le mj doit aussi intégrer les actions des joueurs qui peuvent faire prendre des tournants complètement inattendus à la campagne). Bref : vous en arrivez à un point dans votre histoire où l'intrigue fait tellement de nœuds que vous n'arrivez plus à vous en sortir. En résolvant un problème vous vous trouvez face à une impasse ailleurs, etc.

- Planifier au max ce qui peut l'être. Savoir un minimum où l'on va quand on commence une histoire. Après, ça dépend des gens, certains aiment planifier (j'en fais partie), d'autres se sentent bloqués niveau inspiration s'ils planifient trop. Ne pas se forcer dans ce cas. Inutile de planifier trop ce sur quoi on n'a pas de contrôle par contre (là je pense au jeu de rôle).

- En cas de blocage, mettre ses idées au clair par écrit. Je sais que ça m'aide de prendre des notes pour voir où j'en suis. Noter les idées que l'on a pour résoudre le problèmes, les difficultés que ça engendre, ce qui pourrait lever les difficultés... On peut s'appuyer sur les outils que je citais dans le premier paragraphe (brainstorming, carte mentale, QQOQCP...). Faire des schémas, des plans, des chronologies peut aussi aider à se représenter les choses.
- Identifiez les situations qui vous aident à réfléchir. Personnellement je réfléchis bien en marchant, du coup quand je me prends la tête sur une histoire je sors me balader un peu. D'autres trouvent l'inspiration dans leur bain (Eurêka !;) ).
- « Appeler un ami ». La solution ultime. C'est impressionnant à quel point ça peut débloquer de discuter avec quelqu'un. Soit que la personne propose une solution, soit qu'on la trouve soit même en expliquant le problème ou en réfutant la proposition de l'autre. Et même si on ne trouve pas tout de suite la réponse, ça fait du bien, et ça aide à prendre du recul !
- Se documenter peut parfois aider aussi. En faisant des recherches liées à votre histoire vous découvrirez peut être un élément que vous ignorez et qui peut lever certains problèmes.
- Parfois, il peut être utile de faire une pause et de nourrir son inspiration comme dans le 1er paragraphe («panne d'inspiration »). Peut être que la solution vous apparaîtra brusquement en faisant complètement autre chose parce que votre cerveau continue à travailler en arrière plan sans que vous vous en rendiez compte. Ou que la solution vous apparaîtra en voyant un film dans lequel on rencontre une situation similaire.

Voilà les différentes pistes que j'ai identifées ! En espérant que ça aide quelqu'un !

Sinon, une lecture que je vous recommande sur le sujet : Doodle Alley !

Bonnes fêtes à tous !

La partie photo doit encore être updatée, je ne l'oublie pas !

J'aime beaucoup utiliser le café pour peindre, et on me demande souvent comment je m'y prends.

C'est en fait assez simple : je prends une bonne dose de café lyophilisé et je rajoute un peu d'eau chaude, histoire que ce soit aussi concentré que possible pour pouvoir travailler plusieurs nuances en diluant...

Et ensuite je peinds, en utilisant ça comme n'importe quelle peinture à l'eau. Cela se mixe très bien avec l'aquarelle et ça donne de jolis tons sépia et des textures sympa. Une petite difficulté est qu'il est difficile de foncer en repassant pas dessus avec le café, il vaut mieux partir sur une couleur suffisamment concentrée dès le départ, quitte à mélanger avec de l'aquarelle marron pour foncer.

Quelques exemples de réalisations faites avec du café :

Ainsi que l'ensemble de la bd "le 41ème voleur" :