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11 février 2009 3 11 /02 /février /2009 19:28
Comme chacun sait, la nuit, lorsque les enfants dorment, les jouets se réveillent et en profitent pour s’amuser en cachette. Enfin, généralement. Cette nuit-là, dans la chambre de Kévin, l’ambiance était plutôt tendue… Il faut dire que les jouets étaient assez préoccupés depuis qu’un monstre avait élu domicile sous le lit de l’enfant. C’est pourquoi le Grand Conseil des Jouets avait été réuni.

L’Ours Teddy, avec qui Kévin dormait, présidait le conseil depuis le lit-tribune :
« _ Ca ne peut plus durer ! Kévin est inquiet, il a regardé plusieurs fois sous le lit ce soir, et il a mis très longtemps à s’endormir ! »
Des murmures parcoururent la foule des jouets.
Tchou, le petit train, s’écria :
« _ Hier, j’ai perdu une partie de ma cargaison de bois en passant près du lit. Je ne l’ai jamais retrouvée ! Je suis sûr que c’est le monstre qui l’a volée ! »
Le capitaine Hawks, qui commandait l’armée des soldats de plombs, s’avança d’un air solennel :
« _ C’est plus grave que ça. Il y a peut-être eu mort d’homme. J’avais envoyé le caporal James en mission d’exploration sous le lit afin d’en apprendre plus sur ce monstre. Cela fait une semaine, et il n’est pas revenu ni n’a montré signe de vie… »
Un silence de plomb tomba à cette annonce. L’ours Teddy reprit la parole :
« _ Etant donné la situation, nous ne pouvons  rester sans agir. Il faut que, cette nuit même, une expédition parte à la recherche du caporal James et aille combattre ce monstre. Y a-t-il des volontaires ?»
Il y eut un moment de flottement, car la mission était dangereuse et effrayait la plupart des jouets. Même les soldats de plomb, habituellement prompts à se proposer pour ce genre de besognes, étaient hésitants. Finalement, ce fut Patapon, le petit chien en peluche, qui se porta seul volontaire. Patapon n’avait pas beaucoup d’allure, avec son velours jaune un peu râpé et son oreille droite à moitié décousue ; mais il avait beaucoup de courage, et il tenait beaucoup à Kévin dont il était l’un des premiers jouets.
Teddy souhaita donc bonne chance à Patapon au nom de tous les jouets ; et tout le monde l’encouragea lorsqu’ il entra sous le lit.

Patapon avança à petits pas sous le lit. Il faisait très noir, et ses yeux durent d’abord s’habituer à l’obscurité. Il avait à peine fait quelques mètres qu’il butta sur quelque chose. C’était la cargaison de bois qu’avait perdue Tchou. Le chien en peluche soupira : on avait vite fait d’accuser le monstre de tous les maux. A propos, où était-il, ce monstre ? L’espace sous le lit était beaucoup plus grand qu’il ne l’aurait cru au premier abord… Dans quelle direction chercher ? Patapon s’assit et tendit l’oreille : il lui semblait entendre quelque chose. On aurait dit une sorte de bêlement…Le courageux petit chien se dirigea dans la direction d’où venait le bruit…Les bêlements devenaient de plus en plus forts et de plus en plus nombreux…et soudain, Patapon se trouva face à un véritable troupeau de moutons de poussière ! et quelle ne fut pas sa surprise, lorsqu’il découvrit que leur berger n’était autre que le caporal James, qui avait été porté disparu !
« _ Caporal, mais,…que fais-tu ici ? » s’étonna le chien.
« _ Et bien, pour te dire la vérité…j’ai déserté ! J’avais trop peur d’affronter le monstre, et je n’osais pas rentrer bredouille. C’est alors que j’ai vu tous ces moutons de poussière qui erraient sous le lit, et j’ai décidé de devenir berger. Je suis bien plus heureux ainsi, la vie militaire n’était vraiment pas faite pour moi. »
Lorsque Patapon lui raconta à quel point tout le monde s’était inquiété pour lui, le caporal James fut très gêné, et promit de le raccompagner auprès des autres jouets afin de donner de ses nouvelles.

« _Alors, finalement, tu es en vie, et la cargaison de Tchou n’est pas perdue…il n’y a donc pas de monstre en réalité ? » s’enquit Patapon.
« _Oh, si, s’exclama le caporal James, il y en a un, à l’autre bout du lit ! Je l’ai souvent entendu gémir, mais je n’ai jamais osé m’approcher… »
« _ Dans ce cas, je vais tout de même devoir aller voir… » déclara le chien.
« _Attends-moi !  » dit le caporal, « je t’accompagne ! »
« _Mais tu n’auras pas peur ? »
« _Non, pas si tu es avec moi ! »

Le caporal rentra ses moutons dans un enclos et ils partirent tous les deux en direction de l’autre extrémité du lit. Et en effet, ils entendirent bientôt d’affreux gémissements. Le caporal essayait de se donner des airs fiers, mais on voyait bien qu’il était terrifié ; et Patapon lui-même ne se sentait pas très rassuré. Ils aperçurent bientôt un énorme monstre vert dans un coin ; il avait de drôles de tentacules couvert d’écailles lisses, et trois yeux. Le monstre était si effrayant qu’en d’autres circonstances, ils se seraient sans doute enfuis sans demander leur reste. Mais le fait est que la créature pleurait. A gros sanglots. Après une courte hésitation, il s’approchèrent prudemment.

« _Euh…bonjour…pourquoi pleures-tu ? » risqua Patapon.
« _ Je n’ai pas d’ami, et je me sens si seeeeeuuul…. » hoqueta le monstre. Il sécha ses yeux avec un tentacule, et releva la tête avec un regard plein d’espoir : « vous voulez être mes amis ? »
« _ Tu ne nous mangeras pas ? » s’inquiéta le caporal.
« _Oh, non ! Je ne mange que de l’obscurité ! Alors, vous voulez bien être mes amis ? Je m’appelle Gloup ! »
« _ D’accord, répondit Patapon, mais si tu nous promets de ne plus jamais faire peur à Kévin ! »
«  _ Oh, je ne voulais pas qu’il me voie ! Il m’a surpris une fois que je suis sorti de dessous le lit pour faire votre connaissance et a eu peur, depuis je reste seul ici ! »

Voyant que le monstre n’était vraiment pas méchant, Patapon et le Caporal James acceptèrent de devenir ses amis, et lui promirent de lui rendre régulièrement visite.
Puis, ils retournèrent auprès des autres jouets pour leur raconter leur aventure. Ils furent accueillis en héros, et le capitaine Hawks n’en voulut pas au caporal d’avoir voulu changer de métier. Il lui reprocha simplement de ne pas lui en avoir parlé franchement. Patapon expliqua à Tchou le train où se trouvait sa cargaison, et celui-ci fut ravi de la retrouver.
Enfin, lorsqu’ils apprirent la vérité sur Gloup, tous les jouets voulurent faire sa connaissance et lui rendirent visite sous le lit; le monstre ne fut donc plus jamais seul.
Kévin, ne revoyant plus le monstre, se rassura, et n’eut plus de problème pour s’endormir ; il faut dire que, même s’il ne comprenait pas pourquoi, il s’était senti tranquillisé depuis que ses jouets  eux-mêmes n’étaient plus inquiets.


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